Novembre 1959 |
Célébrations de l’indépendance à Kigali. © Nations unies |
La « révolution sociale » s’accompagne des premiers massacres de Tutsis, dont beaucoup se réfugient dans les pays voisins. Des affrontements violents opposent les partisans du Parti pour l’émancipation des Hutus (Parmehutu) et ceux de l’Union nationale rwandaise (Unar, monarchistes Tutsis). Le Parmehutu proclame la République, la Belgique lâche l’administration et ses alliés tutsis. Les Hutus conserveront le pouvoir jusqu'au génocide de 1994. |
Le portrait photo comme début d'un échange |
Dans le Rwanda d’aujourd’hui, il est très difficile de parler ouvertement de certains sujets. Se référer à tout type d’appartenance ethnique peut conduire à la prison, comme critiquer les politiques de développement du gouvernement. A cela s’ajoute une certaine pudeur rwandaise à exprimer publiquement sa propre opinion. C'est pour cette raison que le projet a privilégié le portrait individuel à l'abri des regards. Un concept photographique bien précis a été utilisé comme moyen de rapprochement avec les témoins pour faciliter des échanges plus vivants, plus intimes et pour mettre en avant la personne et son histoire, quelle que soit son appartenance ethnique ou sociale. Le « Polaroid » et photo « unique », a été possible grâce à un appareil photo de 1937 (Speed Graphic + objectif Aero Ektar + pellicule Fuji) qui permet le développement immédiat du cliché. Deux photos ont été prises de chaque personnage : la première a été offerte à la personne photographiée et la deuxième, est intégrée à ce projet. Le cliché pris par Arno Lafontaine, artiste et photographe, devient le cœur de l’échange humain. |
1959- 1963 |
Attaques répétées d’unités militaires de réfugiés tutsis à partir du Burundi et pogroms antitutsis à l’intérieur du Rwanda. En 1963, une offensive des exilés tutsis provoque des représailles meurtrières : 10 000 Tutsis sont tués, leurs leaders éliminés. Entre 1959 et 1963, près de 300 000 Tutsis rwandais partent en exil, soit la moitié de la population tutsie rwandaise.
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5 juillet 1973 |
Juvénal Habyarimana le 3 août 1975 au sommet de l’Union africaine à Kampala. © AFP
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Coup d’État du général Juvénal Habyarimana (Hutu) contre le président Grégoire Kayibanda.Il sera ensuite élu à la présidence de la République en 1978, 1983, 1988. |
1er octobre 1990 |
Arrestation de Tustsi et opposants au gouvernement le 1er octobre 1990 à Kigali. © AFP |
Offensive du Front patriotique rwandais (FPR, créé en 1987 et majoritairement composé de Rwandais tutsis exilés) à partir de l’Ouganda, qui le soutient. Le Zaïre, la Belgique et la France apportent un soutien militaire au président Habyarimana. Dans la capitale, Kigali, arrestation arbitraire de quelque 10 000 Rwandais tutsis ou opposants. Ces évènements marquent le début de la guerre civile. Le 4 août 1993, le FPR signe les accords de paix d’Arusha avec le gouvernement d’Habyarimana. |
Avril 1993 |
Fondation de la Radio-télévision libre des Mille Collines (RTLMC) par des financiers et des politiques proches du président Habyarimana. Cette station incite les Rwandais à haïr les Tutsis mais aussi les Hutus modérés. |
Extrait Radio Mille Collines, 29 mars 2004 - David Servenay © RFI |
6 avril 1994 |
Attentat meurtrier contre l'avion qui ramène le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira d'un sommet régional en Tanzanie. |
Afrique Midi du 7 avril 1994 - Donaig Le Du © RFI |
7 avril 1994 |
4 000 personnes ont été tuées dans l’église de Nyarubuye le 25 mai 1994. © Getty Images
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Cet attentat déchaîne la haine des Hutus extrémistes. Des milliers de Rwandais sont exécutés ; c’est le début de 100 jours de massacres, qui feront environ 800 000 morts parmi les Tutsis mais aussi les Hutus modérés. Un gouvernement extrémiste hutu « intérimaire » dirigé par Jean Kambanda prend le pouvoir. Le 21 avril, la Première ministre Agathe Uwilingiyimana (Hutu modérée) est tuée avec 10 Casques bleus de la Minuar ((Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda). Le contingent onusien passe de 2 500 à 270 soldats. |
Roland Slider, délégué du CICR, témoigne de la violence des massacres, 23 avril 1994 - © RFI |
Mai 1994 |
Exode massif vers la Tanzanie le 30 avril 1994. © Getty Images
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En tournée à Kigali, le Haut commissaire des Nations unies au Rwanda, José Ayalo Lasso, qualifie les événements en cours de « génocide ». Le 22 mai 1994, le FPR prend le camp militaire de Kanombe et l’aéroport de Kigali. Le 29 mai, le gouvernement «intérimaire» fuit Gitarama. Des centaines de milliers de Hutus fuient le sud-est du pays devant la progression du FPR, qui ferme la frontière avec la Tanzanie pour empêcher les civils de s’y réfugier. |
Le FPR ferme la frontière tanzanienne, 1er mai 1994 - Jean Hélène © RFI |
22 juin 1994 |
Soldats français près du camp de réfugiés de Nyarushishi le 26 juin 1994. © Getty Images |
Intervention militaire et humanitaire française baptisée « Opération Turquoise », autorisée par l’ONU, pour établir « une zone humanitaire sûre » (ZHS). Jusqu'au 22 août, 2 500 soldats français et plusieurs contingents africains prennent position dans le sud-ouest du pays et dans les camps de réfugiés au Zaïre. Le FPR accuse Paris, allié de longue date du gouvernement hutu, de protéger des extrémistes hutus à l'intérieur de cette zone. |
Michel Roussin, ministre de la Coopération, 30 juin 1994 © RFI |
4 juillet 1994 |
Camp de réfugiés de Benako en Tanzanie. © Getty Images |
Après trois mois de violents combats, les rebelles tutsis du FPR prennent le contrôle de Butare et entrent dans la capitale rwandaise, Kigali. Près d’1,2 million de Rwandais hutus fuient vers les pays voisins, notamment vers le Kivu, à l'est du Zaïre. |
17 juillet 1994 |
Paul Kagamé le 20 juillet 1994 à Kigali. © AFP |
Formation du gouvernement d'unité nationale par Faustin Twagiramungu, hutu modéré. Pasteur Bizimungu, hutu modéré, est nommé président de la République et Paul Kagame, chef des rebelles du FPR, devient vice-président et ministre de la Défense. Le FPR annonce le lendemain que la « guerre est finie », et un cessez-le-feu de fait. |
Le FPR tient l’ensemble du Rwanda, 18 juillet 1994 - Thierry Perret © RFI |
8 novembre 1994 |
© AFP |
Création du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) par le Conseil de sécurité des Nations unies afin de juger les personnes responsables d'actes de génocide et d'autres violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire du Rwanda, ou par des citoyens rwandais sur le territoire d'États voisins, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994. Son siège est à Arusha en Tanzanie. Le 9 décembre 1994, une commission d'experts de l'ONU publie un rapport qui conclut que les extrémistes hutus ont mis en œuvre un plan intentionnel d'extermination de la minorité tutsie. |
9 janvier 1997 |
Jean-Paul Akayesu. © AFP |
Ouverture du premier procès pour génocide au TPIR : l’ancien bourgmestre de Taba, Jean-Paul Akayesu, est poursuivi pour génocide, crimes contre l’humanité et violences sexuelles. Le 2 septembre 1998, Jean-Paul Akayesu est reconnu coupable de génocide et condamné à la prison à vie. Le tribunal reconnaît alors pour la première fois le viol comme crime de génocide. |
1er mai 1998 |
Jean Kambanda. © AFP |
Jean Kambanda, Premier ministre par intérim au plus fort des massacres, qui a reconnu avoir distribué des armes et confirmé que le génocide avait été planifié à l’avance, plaide coupable de : génocide, entente en vue de commettre le génocide, incitation au génocide, complicité dans le génocide, crimes contre l’humanité (assassinat et extermination). |
Jean Kambanda plaide coupable, 1er mai 1998 - © Adala Benraad - RFI |
17 avril 2000 |
Paul Kagame pendant l’élection de 2010. © Reuters
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Après la démission du président Pasteur Bizimungu (Hutu), le vice-président Paul Kagame est élu président par le Parlement. Il sera réélu au suffrage universel direct le 25 août 2003 et le 9 août 2010. Le 7 juin 2004, Pasteur Bizimungu est condamné à 15 ans de prison. Il sera gracié le 6 avril 2007. |
1er janvier 2003 |
© Getty Images
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Paul Kagame signe un décret présidentiel autorisant la libération de 30 à 40 000 prisonniers, soit un tiers des détenus du pays, soupçonnés d’être impliqués dans le génocide de 1994. Il s’agit des personnes âgées de plus de 70 ans, des malades, de ceux qui étaient mineurs au moment des faits et ceux qui ont avoué et ont déjà passé plus de temps en prison que la peine qu’ils encourent. Les planificateurs, ceux qui sont accusés de crimes sexuels et ceux qui ont tué un grand nombre de personnes pendant le génocide ne sont pas libérés. |
10 mars 2005 |
Un gacaca au Rwanda en 2003 dans le village de Gotovo. © Getty Images |
Début des sessions de jugement des tribunaux « gacaca » (tribunaux communautaires villageois) dans 106 juridictions pilotes, avant de s'étendre à l'ensemble du pays. En 2002, Paul Kagame rétablit les « gacaca » alors que 130 000 prisonniers attendent d’être jugés. Les autorités estiment qu'il faudrait plus de 100 ans à la justice rwandaise pour qu'ils soient tous jugés. Les détenus accusés d’avoir organisé ou planifié le génocide et qui encourent la peine de mort n’y sont pas jugés. Ces tribunaux traditionnels ont jugé près de deux millions de suspects dont la grande majorité a été reconnue coupable. Les autorités y mettent fin officiellement le 18 juin 2012. |
Novembre 2006 |
Jean-Louis Bruguière © AFP
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Le juge français Jean-Louis Bruguière remet son rapport après 8 années d’enquête. Il y recommande des poursuites contre Paul Kagame devant le TPIR pour sa « participation présumée » à l'attentat contre Juvénal Habyarimana, et signe ensuite neuf mandats d'arrêt contre des hauts dignitaires du régime. Le Rwanda rompt ses relations diplomatiques avec la France et riposte en déposant une requête contre la France devant la Cour internationale de justice de La Haye. |
Paul Kagamé, 14 mars 2004 © Pauline Simonet © RFI |
18 décembre 2008 |
Theoneste Bagosora (gauche) avec l'un de ses avocats, au Tribunal pénal international pour le Rwanda. © AFP
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Theoneste Bagosora, ancien directeur de cabinet au ministère de la Défense, est condamné à la prison à vie pour crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Il est considéré comme « le cerveau du génocide ». |
Septembre 2010 |
Marc Trevidic. © AFP |
Le Juge français Marc Trevidic se rend au Rwanda dans le cadre de son enquête, pour déterminer d’où sont partis les tirs. En janvier 2012, les conclusions de son rapport ne permettent pas de déterminer avec certitude qui, du FPR ou des extrémistes hutus, est responsable de cet attentat, mais elles semblent indiquer que les missiles provenaient du camp militaire de Kanombe ou de ses environs, une zone réputée sous le contrôle des militaires proches des extrémistes hutus. |
3 février 2014 |
Pascal Simbikangwa © Interpol |
Début du procès à Paris de Pascal Simbikangwa, qui doit répondre de « complicité de génocide et de crimes contre l’humanité ». C’est la première fois que l’un des responsables des massacres de 1994 comparaît devant une cour française. Il est finalement condamné pour « crimes génocide» crime de génocide » et de « complicité de crime contre l'humanité » le 14 mars 2014 par la cour d'assises de Paris à 25 ans de prison. |
Patrick Baudoin, président de la FIDH, 04 février 2014 © RFI |